Justice de L'Innocence (Nouvelle)

Voici une nouvelle écrite il y a peu et qui est ma participation au concours d'écriture Claude Nougaro organisé par la région Midi-Pyrénées.
En attente des résultats officiels, mais je ne me priverai pas de vos avis officieux!


What's The Point?


JUSTICE DE L’INNOCENCE


J’émerge…
Bordel, si j’avais pas l’habitude… je gerberais… Un peu trop quand même… Peut être… J’aurais pas du finir la bonbonne… J’ai le T-shirt mouillé… Je crois que je bave. Sais pas… Sais plus… M’en fous, faut profiter des bonnes doses… Ou des bonnes choses ?… Ca aussi j’sais plus… Et ça aussi j’m’en fous…
Claire évacue en silence. Tranquillement. Comme d’habitude. Moi je fais tache. Arrête pas de tousser. Glisse contre le mur. Je devrais pas faire ça quand j’ai la crève.
Je l’aime bien cette fille. Claire. On se connaît pas depuis longtemps. Axel me l’a présentée y’a… 2 mois ? Me la sauterais bien. L’est pas comme les autres qui savent même plus mettre deux chaussettes identiques. Elles me répondraient que c’est pour le style. Mon cul, oui.
Claire a une certaine classe. Plus lucide.
J’arrive pas à bien la voir. J’ai des cheveux dans les yeux. C’est casse couille. Mon bras veut pas bouger. Ou alors il part dans l’autre sens. Me serais piqué au cerveau, ça serait pas mieux.
Secoue la tête. Ca y est, je la vois, couchée contre le mur. Elle a glissé elle aussi. Ca a tiré sa jupe… Putain, je vois son cul ! Ah ? Y a au moins un membre qui m’a pas lâché !
Le mot juste ? Bandante. Pas moins, de par le fait.

« Oh ! Claire ! Cache-moi ça ! Tu m’excites ! »

Pas de réaction ? D’habitude elle m’envoie un truc à la gueule. Pas de munitions ? Peut être… Elle fait pas un trip quand même. Non. Je pense pas. Elle est calme. Juste endormie.
Sûrement.





Ca va mieux. J’ai les idées plus claires.
Elle, par contre. Toujours pas bougé. Ecroulée au pied de son mur.
Mignon petit appartement. Elle aime bien les nus de Schiele. Remarque… Il a pas fait grand chose d’autre ! A ma connaissance… J’arrive pas à les suivre ces putains de cours ! Pourquoi j’ai choisi les Beaux Arts moi… Ah ! Si, je me souviens pourquoi. Pour pouvoir sauter une fille. C’était son trip à elle. Imaginer ce que l’on veut devant une œuvre qui n’est censé avoir qu’une signification bien précise. Mouais… Mais cette conne a disparu, un mois plus tard… Les boules… Agressée dans la rue, il paraît.
C’est pour ça. Faut que je me rattrape. Et Claire semble tout indiquée. Tout à fait mon genre : cheveux mi-longs en queue de cheval, avec une tresse ; brune ; quasi-anorexique; quasi pas de seins non plus. Tant mieux. Je préfère.
Des lumières sur le mur. Rouges. Puis bleu… et merde…
Comment ils savent ? On n’a pas fait de bruit pourtant ! Allez ! Lève-toi grand con ! Bordel ! J’ai encore la tête qui tourne. Me lève. Retombe en avant. J’suis foutu… On est foutu…
Un coup sur la porte. Violent. Même pas de sommation, ils la défoncent direct. La fin de leur service sûrement. Ils expédient l’affaire. Ce qui est pire pour nous… On aura même pas l’occasion de se défendre. Deuxième coup. La serrure saute. Une demi-douzaine de flic qui rentre dans la piaule.

« Mains sur la tête ! »
« J’arrive même pas à tenir sur mes jambes ! Alors mes mains… »

Un autre s’assoit sur mon dos. Me menotte.

« Et la fille ? »

Pas de réponse. Je ne vois pas sa réaction. J’aime pas ça… Fais pas la conne, Claire !
Le flic me soulève et me pousse vers la porte. J’essaie de regarder Claire. Deux mecs qui me bloquent la vue.

« Qu’est ce qu’elle a ? Qu’est ce qui se passe ? »

Un se retourne. Me regarde bizarrement ?. Puis je passe l’encadrement, hors de vue. Escorté par mon poulet. J’aime pas ça…
J’aime pas ça du tout…





Cellule de dégrisement… Mais seul. Bizarre ça aussi. Surtout que d’autres arrivent après moi, mais sont mis dans l’autre cellule. Traitement de faveur ? J’y crois pas trop.
Ca va. J’ai l’esprit clean maintenant.
Où elle est Claire ? J’ai un mauvais pressentiment… Pas une overdose quand même ! Elle a pris beaucoup moins que moi. Elle avait l’air de connaître ses limites. Merde ! Pourquoi à chaque fois que je peux en sauter une, il faut qu’il y ait une couille ! C’est comme ça depuis toujours.
Je m’assois. La tête entre les mains. Mal à la tête. Un peu normal, ça… Failli trop prendre. Limite.
Quelques minutes… Des bruits familiers dans la cellule voisine. Les putes glapissent. Les camés gémissent. Les épaves vomissent.
On ouvre ma cellule. Deux flics en civil. Pas de simples fonctionnaires. On ne va pas que parler de mon état alors… Ils m’emmènent dans une salle d’interrogatoire. Avec menottes. Qu’ils ne m’enlèvent pas en me faisant asseoir. Font de même. Un qui m’observe. L’autre qui note.

« Nom. Prénom. Date de naissance. Profession. »
« Mayere. Frédéric. 21 Novembre 1985. Etudiant. »

Il a pas l’air d’aimer ma façon de l’imiter. Mécanique. Comme l’on peut l’être quand on fait un boulot qui nous gonfle. Mais dont on reconnait la valeur salariale à la fin du mois. Ce qui est d’autant plus casse couille, puisqu’on ne peut s’en détacher. Il me jette un regard noir. Mais l’autre enchaîne.

« Bon. Tu vas commencer par nous dire tout ce que tu sais sur la fille qui était avec toi dans l’appartement. »
« Claire. »
« Oui, peut être. Tu lâches tout ce que tu sais, je te dis ! »
« Je viens de le faire. »
« Quoi ? »
« Ce que je sais sur elle : son prénom, c’est Claire. Voilà. »
« Ok… Là où on t’as trouvé, c’était bien chez elle, non ? »
« Oui. Et alors ? »
« Et ben tu crèches chez elle sans rien en savoir ? »
« Et vous, vous connaissez le nom de jeune fille de votre femme ? »

Il fronce les sourcils puis s’adosse contre sa chaise. J’ai vu juste. Il n’en sait strictement rien. Pour être juste, il ne s’en souvient plus.

« Comment elle va ? »
« Qui ? »
« Pas votre femme ! Claire. »

Les deux mecs se regardent. Me regardent.
Je crois que je l’ai déjà dit, non ? Que je le sentais pas ce coup là.

« Tu te fous de nous là ? »
« Parce que t’aurais bien du culot, enfoiré ! »
« Comment ça ? »

Il fouille dans son dossier. En sort 3 ou 4 photos. Les pose violemment sur la table. Ecroulé sur le dossier de ma chaise, je ne vois pas les photos avec les reflets du néon. Me redresse puis me penche… Regarde…

« Alors ? Ca te revient connard ? »

… C’est pas possible… Putain, c’est pas vrai !
J’ai du mal à croire que ce sont des photos de Claire. Elle qui était si mignonne… Sa tête ne ressemble plus guère qu’à un morceau de chair sanguinolent !
La joue gauche est complètement sur l’œil, qui n’est plus qu’une fente joignant l’arcade d’une croûte encore suintante. Le nez n’est qu’un vague souvenir. Confondu avec la bouche. Celle-ci a été tirée vers les oreilles, déchirant les lèvres aux coins. La peau y est entamée sur 1 ou 2 centimètres. En lambeau. Des poignets de cheveux sur et près de son visage. Des morceaux de peaux encore attachés et des résidus noirâtres sur ce qui reste du cuir chevelu. Son cou fait un angle bizarre. Comme si elle hésitait à regarder à gauche ou à droite. A moins que cela ne soit en haut ?...
Je n’ose même pas imaginer l’autre moitié du visage.
Des traînées de sang sur le lino…

« Nom de Dieu… »
« Laisse le Grand Barbu où il est. »

Je pense à un truc… Elle avait un jean sous sa jupe quand on s’est retrouvé ! Alors si j’ai vu son cul plus tard, c’est que…

« Elle s’est faite violer… »
« Ca y est ? Ca commence à te revenir ? »

Je me lève.

« Ca veut dire quoi ça, enculé ? »

Ca veut dire que je suis le suspect numéro 1, évidemment.

« Assieds-toi ! »
« Va te faire foutre ! »

Est-ce que le fait que je me défende comme ça n’est pas un signe de culpabilité ? Au fond, je m’en fous. C’est pas moi ! Je le sais ! Ca peut pas être moi ! Quand ça s’est passé, je… j’étais en train de… faire un trip… C’est un peu en ma défaveur ça, non ?
Et puis merde !
Des points brillants dans mon champ de vision. Calme toi, Fred ! Panique pas ! Celui qui a fait ça à bien du laisser des traces ! Caméras de surveillance, ou n’importe quoi d’autre !
J’espère…

« Assieds toi ! Assieds toi ou je viens te chercher ! »
« Je préfère rester debout si ça vous dérange pas. »

Un silence. Un des flics se pince l’arrête du nez, les yeux clos.

« Ok, mais tu restes dans le coin. »
« Merci… Y avait personne d’autre ? Dans la chambre je veux dire. »
« Si tu veux parler des caméras de surveillances, il n’y en a pas dans l’immeuble. »
« Et à l’interphone ? Y a bien quelqu’un qui a du ouvrir à quelqu’un de bizarre ! »
« A part à toi, tu veux dire ? »
« Très drôle… Je suis monté avec Claire. »
« De toute façon, quand bien même ça serait quelqu’un d’autre que toi, il aurait profité qu’un habitant de l’immeuble entre ou sorte pour passer par la porte avant qu’elle se ferme. »
« Les gens d’aujourd’hui ne font plus attention à rien ni à personne. Ils ont bien assez à s’occuper d’eux même et leurs petites familles. C’est aussi pour ça que le boulot de flic est de plus en plus chiant ! Comme plus personne ne fait gaffe à ce qui l’entoure, eh ben on a plus ou presque plus de témoin véritable… »
« Sauf quand le supposé coupable est encore sur place, comme c’est mon cas, hein ? Là, il n’y a toujours personne pour m’accuser, mais il y en a autant pour plaider en ma faveur… »
« T’as tout compris ! »

Il renifle. Dédaigneux, mais soulagé. L’air de dire : « Une bonne chose de faite ! » …Je m’en sortirai pas…

« Mais c’est pas possible ! C’est pas moi ! »
« Et ? »

Putain ! Je deviens dingue !

« Les apparences sont contre toi. Pour nous tu l’as tuée, point final. »
« Et puis ça arrive tous les jours que les gens tuent sous l’effet de l’alcool, de la drogue ou d’une autre putain de substance dont je n’arriverais même pas à prononcer le nom en une seule inspiration ! »
« Ta gueule avec ton air blasé ! »
« Fais gaffe, c’est enregistré notre conversation. »

Je me laisse glisser contre le mur. Deuxième fois de la journée. Les paumes contre les tempes. Réfléchis connard ! Comment tu vas te sortir de là ?

« Bon… Tu veux appeler ton avocat ? »

Ah ?... J’ai une gueule à avoir un avocat moi ? Et puis de toute façon je n’ai rien en ma faveur… La seule chose qu’ils pourraient sortir c’est un homicide involontaire. Sous effet de drogues (dures). Mais ça serait pire… Depuis quand l’opinion publique aime les drogués ?...
Bordel… J’ai envie de chialer…
Les flics quittent la pièce. C’est pas moi, putain… C’est pas moi…
C’est pas moi…





Et si c’était moi ?
Sortie du procès. Vingt cinq ans fermes. Le maximum semble t’il. Je savais que les drogués n’étaient pas aimés. Ce qui est con, c’est que la partie civile a martelé sur ma dépendance. Pourtant personne n’a fait mention du fait que Claire était aussi défoncée que moi.
J’ai vu sa mère d’ailleurs. Elle lui ressemble… Apparemment, elle a une autre fille mais elle n’a pas voulu être présente… Ce que je comprends tout à fait.
Moi ma mère n’était pas là…





C’est vrai ça. Pourquoi ça ne serait pas moi ?...
Et la foule en colère à la sortie du tribunal n’est pas là pour me détromper. Une ou deux secondes après l’ouverture des portes, je me reçois un truc dans la gueule. Dur. Je saigne. Coule dans l’œil. Peux pas m’essuyer. Menotté.
De la haine. Un ramassis d’hommes et de femmes transportés pas la haine. Mais aussi le dégoût et l’horreur. Et le soulagement. Soulagés qu’ils sont de ne pas avoir été la victime (ma victime ?). La solidarité n’est pas de mise ici. Certains ne doivent même pas connaître le nom de Claire. Mais tous ont appris le mien. Et ils le scandent, juste suivi d’un « connard », entre autres choses.
Les désaxés sont les nouveaux héros de l’audimat. Il n’est plus si difficile de passer de l’autre côté de l’écran maintenant.
Deux flics tiennent la foule à l’écart, tant bien que mal. Mais plutôt mal en fait. Je me reçois un coup dans les côtes. Manque de me casser la gueule.
Savez vous que la haine est contagieuse ? Et qu’elle peut vous faire admettre n’importe quoi ? Juste par esprit de vengeance. Ce moment où vous avez l’impression que votre tête vibre. Que votre vision s’assombrit.

« Vous avez jamais rêvé de faire ça vous ?! C’est ça la puissance ! Jouer de la vie des gens ! Profiter de ceux qui ont confiance en vous ! »

Je hurle ça par-dessus le vacarme. Qui s’éteint ou presque à ces mots. Ils me croient monstrueux ? Eh bien jouons le jeu !

« C’est ça la vraie nature de l’homme ! Tuer quand on a les nerfs ! Violer quand on a envie de baiser ! »

Des murmures horrifiés. Les flics me font presser le pas. Me forcent à rentrer dans la voiture.

« Vous savez quoi ?! Ca m’a trop fait bander de l’éclater ! Et la meilleure ? Je lui ai même giclé trois fois dedans ! »

J’appuie tout ça avec un grand rire hystérique. Et en guise de bouquet final ?
La portière de la bagnole qui claque. Mouais…
Est-ce que j’aurais vraiment eu le culot de dire ça si j’avais été innocent ? Je ne sais pas… Je commence à me faire peur. J’ai l’impression de me créer ma culpabilité… Pour mieux avouer le fait que je sois jugé coupable peut être…
Mais je sais que c’est pas moi !

Ce qui n’a plus vraiment d’importance, non ?
Alors pourquoi pas…





C’est moi. Ca ne peut être que moi. On n’envoie pas un innocent en taule comme ça ! C’est un pays de droits, merde !
Alors je dois bien être responsable… J’étais sous l’effet de la drogue alors je m’en souviens peut être pas… Ouais. Ca doit être ça. Et puis la fille pour qui je voulais faire les Beaux-arts… Johanne qu’elle s’appelait. C’est le lendemain d’une soirée qu’elle a disparue. Et j’étais invité à cette soirée. Pour une fois. Elle aimait pas les camés. Elle pouvait carrément pas me voir. Alors, peut être que par frustration… Par désespoir de pouvoir la sauter…
Sans doute.
Et puis, j’ai toujours été violent. C’est indéniable. Mon compagnon de cellule peut en témoigner.
Un pauvre gosse qui s’est fait embarquer dans un casse minable. Par des potes. Qui l’ont laissé derrière, alors que le gérant de la superette avait appelé les flics, et qu’ils partaient avec la caisse. Lui s’est retrouvé dedans.
Comble de malchance, il est tombé sur moi. Et ne tombera pas plus bas.
La colonne vertébrale brisée. A 18 ans ça pardonne pas. Comme à d’autres âges d’ailleurs, qu’est ce que je raconte moi ? C’est juste con de crever si jeune. Enfin… crever, pas encore. Mais je pense qu’il en a plus pour très longtemps.
Pas de mouvement. Juste un léger sifflement montant de sa gorge. Et qui diminue. Petit à petit. Doucement. Devient un râle. Ses yeux qui effectuent des mouvements de plus en plus rapides. De plus en plus restreints. Et qui finissent par s’immobiliser. Plus un bruit dans la cellule. Un silence comme on peut s’en faire l’idée en présence d’un mort. Les larges murs en bétons armés permettent de ne rien ternir de ce spectacle.
C’est fascinant de voir mourir un Homme. Beaucoup parlent de la naissance comme le plus bel instant d’une vie, car le premier. Mais sommes-nous alors conscient de cet évènement à ce stade primaire de notre évolution. Cela a-t-il une quelconque importance, alors que nous n’avons même pas encore prit une seule bouffée d’air ? Alors que nous ne connaissons même pas notre nom ?
Notre mort est tout à fait personnelle. Peu de gens auront la même mort qu’un tel. Elle symbolisera notre parcours, notre vie de mortel. Et me voilà agenouillé près d’un adolescent qui n’a connu que malchance. Un simple délit de faciès de la part d’un simili psychopathe en taule depuis même pas quatre mois et hop !
Je me lève alors que des pas précipités arrivent devant ma porte de cellule, peu après le déclenchement de l’alarme. Un vacarme assourdissant se fait bientôt entendre, fruit de l’agitation des autres détenus. La trappe du haut de la porte s’ouvre. Des yeux, noircis par l’obscurité ambiante, qui me regardent. Ou plutôt me foudroient. Encore un mec en fin de service. Puis les pupilles qui se fixent sur le désormais cadavre. Des yeux qui cillent et se fixent précipitamment sur moi.

« Mets les mains sur le mur ! Bien en évidence ! »

Je m’exécute. Docile. Alors que les clés s’activent dans les serrures, pensant à comment ma mort pourrait résumer ma vie, je plaque mes mains sur le mur.
Sur le mur sale, tagué, fissuré, gris…





Blanc.
Un blanc oppressant, inquiétant. La lumière des néons qui s’y reflète. Qui fait ressembler les pièces à un morceau de paradis froid et sans âme. Des cris et des rires inhumains qui finissent de rendre le spectacle irréel, tandis que je peux me gratter le dos sans effort, coincé dans un habit aussi blanc que le reste.
En temps normal, cela pourrait faire mal à la tête, mais le paracétamol ferait bien peu de cas face à ce qu’ils nous font ingurgiter à chaque repas. On compte le goûter. Heureusement que je fais chambre à part, sinon je deviendrais vraiment barje avec tous ces cons autour de moi !
J’ai arrêté de me poser cette fameuse question : « Est-ce que c’est moi ? » Je crois que je m’en fous finalement. Ca me convient très bien d’être jugé coupable. A quoi cela servirait il de penser le contraire ? Si je croyais encore à mon innocence, je deviendrais sûrement dingue. Mais il est vrai que l’on me considère déjà comme tel…
La culpabilité sans remords. Ca doit être un truc comme ça.
Une main qui me saisit l’épaule. Des doigts fins. Elle me fait me retourner avec douceur. Vers ma chambre matelassée. Je scrute la propriétaire de cette main, du coin de l’œil, me laissant emporter docilement.
Elle pourrait lui ressembler… A Claire. Des cheveux un peu plus courts qu’elle, arrachés par poignée. Le côté gauche du visage déformé, bouffi, sanguinolent. Une fente noire en guise d’œil tandis que l’autre est injecté de sang et vire au blanc en son centre. L’oreille droite déchiquetée et pendante, se balançant au rythme des pas. Le nez n’est plus qu’une sorte de bosse violacée d’où s’échappe une traînée rouge et noire s’accumulant sur le haut de la lèvre supérieure. La tête bizarrement penchée sur le côté.
Et cette bouche… Les lèvres sont là. Mais décalées l’une par rapport à l’autre. Une ligne de croûte formant des pointillés à chaque coin de sa bouche et rejoignant ses oreilles ou presque.
Cette bouche qui tente de me parler, mais n’y parvient pas. Son visage tremble. Elle s’y reprend à plusieurs fois.
Puis la peau cicatrisée se déchire. A nouveau. Inonde d’un sang noir son menton. Son œil aveugle qui me foudroie. Les croûtes qui se mêlent au sang s’écoulant de ce sourire. Le liquide qui reflux alors qu’elle essaye de me parler, emportant avec lui des caillots plus sombres encore.
Je ne comprends pas ce qu’elle me dit à travers les bulles que provoque son souffle sanguin. Mais peu m’importe.
Une porte blanche et cotonneuse qui se referme sur notre amour. Le Paradis ?
Le mot juste ?
Bandante.
Pas moins.





Epilogue :


« Ah ! Putain ! Enfin les nouveaux bureaux ! »

Deux policiers qui déménagent leur espace de travail entouré de collègues en uniforme innommable, pour une salle réservé à eux deux. Un peu en tant qu’associés, mais surtout en tant qu’inspecteur.

« Ben quoi, Mathieu ? Tu me fais la gueule, mon con ? T’as pas assez fêté ça hier soir je te dis ! Nom de Dieu ! Je leur ai cassé la gueule à toutes ces bouteilles que Karl a amenées ! Hé hé ! »

« C’est pas ça Cyril… C’est juste que notre promotion… On l’a eu sur le dos d’un innocent quand même… »

« Tu veux parler de la junkie qu’on a retrouvé éclatée ? Culpabilise pas, va. Ce mec… Euh… Comment il s’appelait déjà… »

« Frédéric Mayere. »

« Eh bé, t’as de la mémoire toi ! »

« Ca dépend pour quoi… »

« Ce mec donc, il est à 50% coupable en fait. Primo, il était raide défoncé et si ça n’avait pas été le cas, il aurait pu la défendre. Deusio, il avait fourni la dope à la fille, et d’après les analyses, elle était près dans crever. Donc ce Fred l’a quasi tuée. Tercio, le seul témoignage en sa faveur, c'est-à-dire la description d’un type ressemblant à un violeur en série aperçu au abords de l’immeuble peu avant les faits, ce témoignage donc était un chouïa confus et bateau. Qui plus est personne d’autre du quartier ne l’a vue. Et dernière raison, et non la moindre : une promotion qui nous tend les bras ! Et c’est pas maintenant que tu vas cracher dessus, hein ? »

Mathieu reste silencieux et réparti ses objets personnels sur son nouveau bureau, usant de gestes et de précision relatifs aux maniaques.

« Je sais pas… »

« Me fais pas ça Mathieu ! Si tu balances, on plonge tous les deux ! »

« On n’avait pas à cacher ce témoignage quand même ! Et puis les médecins qui ont analysé Mayere, ont clairement dit qu’il était trop stone pour avoir eu la force de faire tout ça à cette Claire ! Ca aussi on l’a passé sous silence ! »

« Ta gueule merde ! On va nous entendre ! Et je te signale que t’étais d’accord sur le coup ! Alors vient pas jouer au flic intègre maintenant ! C’est beaucoup trop tard pour ça ! »

« Je sais… Je sais. Mais… »

« Ferme la maintenant ! Range tes trucs et ferme-la ! »

Mathieu s’exécute, les yeux baissés sur ses cartons. C’est ça conscience professionnelle, c’est tout. Tout le monde triche. Pourquoi pas lui ?
Fouillant dans le fond de son dernier carton, il sort le cadre contenant sa photo de mariage.
Du côté de sa femme, un post-it. Dessus, son nom de jeune fille.




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Prowlerfull (Réminiscences Musicales)

Ce groupe n'est plus en activité depuis bientôt 2 ans, mais je me permet de vous faire partager ces compositions qui nous avait bien pris 4 années de notre vie.
(Pour télécharger, cliquez sur chaque titre)


Wild Horse
Style: Blues
Musiciens: - Guitare Lead: Alexandre "Kramer" Meyiere
- Guitare Rythmique: Frédéric Meyiere
- Basse: Clément "Vayet" Fattaz
- Batterie: Elsa "Lazy Pedal" Meyiere
Composition: Kramer / Vayet
Arrangement: Léa Meyiere

Tube
Style: Blues / Surf
Musiciens: - Guitare Lead: Alexandre "Kramer" Meyiere
- Guitare Rythmique: Frédéric Meyiere
- Basse: Clément "Vayet" Fattaz
- Batterie: Elsa "Lazy Pedal" Meyiere
-
Clavier: Léa Meyiere
Composition: Léa Meyiere / Kramer
Arrangement: Léa Meyiere

Truck
Style: Metal / Revival Blues
Musiciens: - Guitare Lead: Alexandre "Kramer" Meyiere
- Guitare Rythmique: Frédéric Meyiere
- Basse: Clément "Vayet" Fattaz
- Batterie: Elsa "Lazy Pedal" Meyiere
Composition: Kramer
Arrangement: Léa Meyiere / Lazy Pedal

Monster

Style: Metal / Revival Blues
Musiciens: - Guitare Lead: Alexandre "Kramer" Meyiere
- Guitare Rythmique: Frédéric Meyiere
- Basse: Clément "Vayet" Fattaz
- Batterie: Elsa "Lazy Pedal" Meyiere
Composition: Vayet / Lazy Pedal / Kramer
Arrangement: Léa Meyiere / Vayet



Ces morceaux sont hébergés par Dogmazic



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Brève Presentation

Autoportrait

Salut à vous.

Vayet, pour vous servir, Schizophrène avéré, Masochiste assumé, Dessinateur frustré, et Bassiste libéré.
Ce blog (en attendant un site...) sera un regroupement de mon travaille artistique exclusivement, qu'il soit ou musicale, ou textuel, ou les deux, ou autre chose.

Pour une perspective plus personnelle allez sur In My Innocent World.

Je vous salut bien bas! *petite courbette* *baise main*

Salvation!



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Dogmazic -Musique Libre-